Sociologie des techniques

La sociologie des techniques s'est développée au début des années 1980, quand les premiers ordinateurs personnels ont été fabriqués à grande échelle, et avant que ne s'amorce la « révolution numérique ».

La sociologie des techniques (ou sociologie de l'innovation) est une discipline scientifique et de recherche apparue au début des années 1980 dans le domaines des STS (Sciences, technologies et société), qui traite des interactions entre « la société » et « la technique ».

S'articulant avec les sciences de l'information et de la communication, l’anthropologie et l'histoire des techniques, elle tire sa légitimité du fait qu'à l'heure de la "révolution numérique" et des GAFA, les innovations constituent les moteurs de l'économie en même temps qu'elles bouleversent les modes de vie, les façons de penser, les échanges sociaux et l'équilibre écologique. Et tirant une bonne partie de son ancrage dans le pragmatisme, elle questionne les conditions d'apparition et de disparition des objets techniques, leurs usages, leurs effets (positifs et négatifs) ainsi que les risques qu'ils soulèvent en termes de dangerosité.

Sont également analysées les interactions entre les « acteurs de l'innovation » : concepteurs-usagers, État-entreprises... Enfin et surtout, la sociologie des techniques se fixe pour objectif d'étudier les conditions nécessaires à une meilleure adaptation des humains au « progrès technique », celui-ci étant entendu comme allant de soi : consubstantiel à la condition humaine.

Particulièrement bien implantée dans les pays anglo-saxons[1], elle est principalement représentée en France par Bruno Latour, Madeleine Akrich et Michel Callon, tous trois promoteurs de la « théorie de l'acteur-réseau ».

Et étroitement liée à celle des sciences (bon nombre de chercheurs se réclament de l'une et de l'autre à la fois)[2], elle se démarque en revanche assez radicalement de la posture technocritique : elle constitue en effet une activité académique, rétribuée et financée par l'État (comme toutes les sciences) tandis que, s'étendant hors des circuits universitaires, la technocritique s'inscrit dans le cadre d'une dénonciation militante de l'idéologie du progrès, voire de l'État[3].

  1. Dominique Pestre (dir.), Le gouvernement des technosciences : gouverner le progrès et ses dégâts depuis 1945, Paris, La Découverte, coll. « Recherches », 2014, p.12.
  2. Giovanni Busino, Sociologie des sciences et des techniques, PUF, collection « Que Sais-Je ? », 1998
  3. Bernard Charbonneau, L'État, édition ronéotypée à compte d'auteur, 1949. Economica, Paris, 1987. Réimpression 1999.

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